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Le convoi de la liberté, sans camions

Inspiré du mouvement canadien, le convoi de la liberté version française a débuté sans camions. Un second mouvement baptisé Convoy France en lien avec d’autres antennes européennes va converger aussi vers Paris d’ici dimanche pour rejoindre Bruxelles le lendemain. Aucun syndicat et aucune fédération patronale du transport routier n’a annoncé son soutien à ces deux actions.

« En tant qu’organisation syndicale, nous n’avons pas à soutenir tel ou tel mouvement » nous a confié Patrice Clos, secrétaire général de FO Transport. « Nous défendons les salariés si le pass sanitaire ou vaccinal pose problème. En tant que citoyen, il y avait des adhérents aux gilets jaunes, comme il y en aura sur les convois. » Jean-Marc Rivera, délégué général de l’OTRE, a déclaré sur RTL : « nous ne sommes pas à l’origine de cet appel qui vient des réseaux sociaux (…) Nous n’appelons pas non plus nos adhérents à participer à ce mouvement que nous ne comprenons pas vraiment. »

Une note des renseignements territoriaux (RT) datée du 7 février évoque un mouvement « loin d’être solidement structuré », mais qui sera néanmoins « suivi avec attention par le service ». Les annonces ont été publiées sur les réseaux sociaux. Les premiers convois ont pris la route hier depuis Perpignan et Toulouse avant d’être rejoints par d’autres « provenant de l’ouest de la France, ce jeudi 10 février ». Une arrivée des véhicules est prévue à Paris le lendemain, avant de rejoindre Bruxelles le 14 février. Mais aucun camion n’a rejoint les convois. Seuls des voitures et, parfois des campings-cars, y participent.

Le groupe Facebook créé le 26 janvier et intitulé « Le convoi de la liberté » dépasse désormais les 290 000 inscriptions. Mais si nous regardons de plus près les profils des contestaires et leurs intentions, le mouvement n’a rien à voir avec celui des routiers canadiens. Il en est même très loin. Le convoi canadien est né de la revendication des routiers qui contestent l’obligation vaccinale au passage de la frontière avec les Etats-Unis. Or, en France, les routiers ne font pas partie des professions obligées de se vacciner. De plus, après plusieurs semaines d’âpres négociations, ils ont obtenu que le pass sanitaire puis vaccinal ne soit pas obligatoire pour accéder aux restaurants routiers. Le mouvement français rassemble des anciens gilets jaunes et beaucoup d’anti-vaccin, mais très peu de routiers.

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En résumé, il y a de fortes chances que les routiers français ne rejoignent pas le convoi de la liberté « made in France ». Contrairement aux truckers canadiens, ils ne sont pas propriétaires de leur camion. Et il est peu probable que leur patron accepte qu’ils ne s’absentent plusieurs jours voire une semaine. Enfin, depuis déjà de nombreuses années, les routiers français ne manifestent plus au volant de leur bahut, de peur de perdre leur permis de conduire « pour entrave à la liberté de circulation ».

Ils sont cependant quelques dizaines de professionnels du transport à vouloir rejoindre le convoi de la liberté français. Certains avaient déjà été vus au milieu des gilets jaunes. Sylvain Bres, transporteur, s’est exprimé hier sur CNews. Il a cité davantage de revendications économiques qui n’ont rien à voir avec le contexte sanitaire. « Ça devient ingérable avec les taxes. Nous, en tant que transporteur, on ne s’en sort plus. Nos salariés ne s’en sortent plus. Quand on arrive au milieu du mois et qu’on est obligé de faire des demandes d’acomptes parce qu’on ne s’en sort pas et qu’on a une famille à nourrir… L’augmentation de l’énergie qui est en train d’exploser, l’augmentation des matières premières… C’est en train de faire beaucoup de mal aux gens. La misère sociale est en train de s’accélérer de façon énorme » a-t-il déclaré.

Le porte-parole du convoi de la liberté, Remi Monde, prônent un mouvement « pacifique afin de ne pas être discrédité », d’autres appels à un « blocage complet » provoquant des « ruptures d’approvisionnement en carburants et en nourriture ». Mais ce sera sans les camions, sans les routiers.

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