Moyen-Orient

Episode 15. Ma vie au Moyen-Orient au volant d’un camion

Poursuivons notre route à bord du camion de notre lignard du Moyen-Orient, Jean-Louis Delarue, que tout le monde connaissait sous le nom de Double Mètre. Nous nous étions arrêtés au légendaire Col du Magirus en Turquie.

Le redoutable Col du Magirus

Arrivé en bas du Col du Magirus, nous arrivions dans une ville où nous allions nous les « Stouff » dans un hôtel que notre employeur nous payait ainsi que les repas pendant une journée voire plus si les conditions climatiques nous bloquaient dans cette ville. Car le col du « Magirus » sans être aussi difficile que celui qui était plus loin, était malgré tout très dangereux.

Je me souviens que, sur un voyage, où nous avions été bloqués dans la montée en direction de l’Europe, nous y avions stationnés pendant plusieurs jours. Pendant ce blocage, il y eu des gags de la part de certains chauffeurs, en premier, il y avait dans la cote des camions qui étaient inséparables. Je ne me souviens plus du nom des conducteurs, mais je me souviens de leurs physiques, l’un était blond, les cheveux coupés courts et il était très militariste, son copain était tout l’inverse, le cheveux long , un peu d’embonpoint, mal rasé, mais ces deux-là étaient inséparable. Dans la nuit, le chevelu fut pris d’une envie d’uriner, et il sorti de sa cabine pour faire son besoin, il y avait un vent assez fort, et quand il souffla, il ferma la portière du camion. Nous avions pour habitude quand nous étions dans la couchette, de mettre la sécurité de fermeture, et elle ne se déclenchait pas quand nous ouvrions notre portière.

Sans s’affoler notre ami continua de se soulager, puis il voulu retourner dans sa couchette, il était en slip, par une température très négative, sûrement en dessous des moins dix. Très vite, il alla réveiller son copain qui était juste derrière lui, qui vint rapidement nous réveiller pour que nous puissions l’aider, car il y avait une possibilité pour ouvrir le camion. Il fallait basculer la cabine du GR 280 Berliet, et avec un porte manteaux fil de fer nous faisions un crochet assez long pour aller tirer sur la petite poignée de la portière.

Très vite, nous nous sommes mis à l’œuvre, et pendant ce temps il y avait les deux amis qui s’engueulaient et se lançaient des boules de neige alors qu’ils étaient tous les deux en tenues de sommeil. Nous avons réussi à ouvrir la portière, mais cela n’a pas calmé nos deux loustics qui continuaient à se morigéner dans la neige. Nous sommes repartis vers nos cabines respectives et le lendemain matin nous étions presque tous enrhumés sauf les deux amis qui avaient oublié leurs déboires de la nuit.

Voilà pour le côté gag, mais pendant cette attente, comme nous nous trouvions à une bonne distance kilométrique de Erzingan, un chauffeur décida d’aller chercher du pain dans cette ville Après une dizaine de minutes, il revint essoufflé mais aussi les mains en sang. La raison ? Il avait croisé le chemin de loups qui l’avaient attaqué. Sa chance fut qu’il n’était pas très loin de la queue de camion en attente et que les chauffeurs de ces camions sont venus en aide pour lui permettre de revenir vers nous.

Souvent, en Turquie, sur le port d’Istanbul, nous pouvions voir des dresseurs d’ours, et ces ours étaient natifs de ce pays. Nous savions que, dans certaines régions, il y avait ces ours. Pour ma part, je n’en ai jamais vu. Mais nous avions l’habitude de manger dans un restaurant pas très loin d’Ankara, et lors d’un voyage, nous avons pu admirer une louve sauvage, que Sadik avait attaché à un arbre, avec une chaine, puis lors d’un autre voyage, Sadik nous a dit que la louve avait réussi à se défaire de sa chaine et était repartie vers sa contrée sauvage.

Lors de ce fameux voyage pendant lequel nous avons été bloqué dans la montée, nous avons vu au matin l’arrivée d’un engin de chantier routier, une niveleuse, qui accrocha les camions deux par deux et nous aida à franchir cette cote. Il ne travaillait pas gratuitement, et nous avons dû passer à la case paiement.

Pourtant un fois en haut, il nous fallait redescendre ce col, environ 40 kilomètres de descente, et je reconnais que j’ai eu la trouille de descendre. Nous étions garés sur le parking du TCK, et nous avons fait du vin chaud bien sucré, et j’en ai bu plus que de coutume, ce fut ma solution pour descendre, et malgré mon ivresse j’avais la main sur la poignée de porte de la cabine pour me permettre le cas échéant d’ouvrir et de sauter du camion si je ne pouvais plus le tenir sur la route.

Je n’ai pas sauté mais je me souviens toujours de la peur que j’ai eu ce jour-là.

Mais continuons vers l’Iran, et donc avec un arrêt à l’hôtel Urartu, qui était à cette époque un hôtel 3 étoiles. Nous dormions à deux dans chaque chambre. Il y avait un bar dans cet hôtel, où parfois certains conducteurs profitaient de la largesse de notre employeur, et buvaient plus de coutume.

Dans ce lieu, j’ai assisté à un règlement de compte. J’étais installé au bar, il y avait un chauffeur dans un divan, qui regardait un journal, son surnom « le pleureur » pourquoi un tel surnom sûrement parce qu’il n’était pas fait pour ce genre de route et trop souvent sa peur nous agaçait, et devenait gênante à force de l’entendre se plaindre pour un oui ou pour un non. Arriva un autre chauffeur, que nous avions surnommé avec juste raison, le Boxeur. Il vint nous dire bonjour sans regarder le Pleureur, puis ayant salué les conducteurs présents, puis il se dirigea vers l’homme assis dans le divan, et lui décocha un direct en plein visage, puis il fit demi-tour et revint vers nous boire un tchaï et nous ne lui avons pas demandé d’explication. Le soir, nous avons été cherché une escalope et nous l’avons collé sur l’œil de l’homme peureux. Nous avons subit toujours à cause de lui une autre aventure mais je reparlerais de lui plus en avant.

Jean-Louis Delarue

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