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Les Bluebus 12 mètres bientôt tous de retour en exploitation à la RATP ?

Après les deux incendies spontanés survenus en exploitation en avril 2022, 148 autobus électriques à batteries Bluebus 12 mètres du type 5SE avaient été retirés de l’exploitation par la RATP au nom du principe de précaution. Selon une dépêche AFP, citant La Lettre et notre confrère Marc Fressoz, « La RATP, Ile-de-France Mobilités et Bluebus ont conclu un accord mettant fin aux discussions en cours entre la RATP et Bluebus ».  

Bluebus avait identifié rapidement la cause du court-circuit interne et avisé le Ministère de l’Economie qui a publié une alerte de rappel le 1er juillet 2022. Le risque encouru étant l’incendie. Une fois le diagnostic posé, s’est engagé une longue période de négociations entre l’exploitant (la RATP) et son fournisseur (Bluebus).

Selon La Lettre datée du 18 janvier 2024, cela se solderait par « plusieurs dizaines de millions d’euros » au titre du préjudice lié à la non-exploitation de ces 148 autobus à batteries LMP. La RATP avait dû remettre en service ou prolonger l’exploitation d’autobus Diesel pour compenser les effectifs de véhicules manquants. Suite à ces incendies, 84 machines avaient vu leur procédure de réception bloquée par la RATP. Une initiative qui a ajouté une complexité supplémentaire dans l’évaluation des indemnisations entre l’opérateur et son fournisseur. Le site d’Ergué-Gabéric, qui produit en Bretagne les modèles Bluebus, se concentrait en 2023 sur le petit 6 mètres de nouvelle génération. La ligne des 12 mètres se préparant à réceptionner les 148 exemplaires litigieux pour procéder aux échanges de batteries ainsi qu’à une révision générale des machines inactives depuis le printemps 2022. Les véhicules en attente de réception par la RATP ne sont pas concernés par ce lourd rappel puisque suivis périodiquement par les équipes de maintenance de Bluebus qui procédaient périodiquement à leur remise en marche.

La sécurité des véhicules à batteries en question

Outre le rappel publié le 1er juillet 2022, ces incendies spontanés (n’ayant heureusement pas fait de victimes) ont aussitôt amené le Bureau Enquête Accidents Transports Terrestres (BEA-TT) à ouvrir une enquête le 2 mai 2022. Une note d’informations intermédiaire a été publiée par le BEA-TT en juin 2023. Ce dernier s’inquiète pour les motifs suivants : « (…) le mode de détection, puis la rapidité avec laquelle cet incendie s’est propagé, la difficulté d’intervention des secours pour éteindre les incendies de sources électriques, ainsi que l’augmentation constante du parc de véhicules à propulsion électrique par batteries justifient que plusieurs domaines fassent l’objet d’investigations au titre de cette enquête ».

Car les batteries LMP à électrolyte solide ne sont pas les seules à pouvoir générer des emballements thermiques. Précisons ici que les batteries Lithium-Ion en général, mais tout particulièrement celles à électrochimie NMC (nickel manganèse cobalt) et NCA (nickel cobalt aluminium) sont réputées plus instables thermiquement. Le BEA-TT rappelle fort justement qu’une des difficultés majeures des véhicules à batteries est la quasi-impossibilité pour les services de secours d’interrompre les incendies nés de feux de batteries. Lors des deux évènements parisiens impliquant les autobus de la RATP, des éléments de métal en fusion ont été projetés à plusieurs mètres autour des véhicules en feu.

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