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Les prochaines Gigafactories seront-elles Indiennes ?

Avec un marché domestique en forte croissance, mais pénalisé par les difficultés d’approvisionnements en matières premières, et des relations diplomatiques parfois houleuses avec la Chine, l’Inde mise sur la production locale de batteries de traction Lithium-Ion.

Selon le Cabinet Interact Analysis, l’Inde doit faire face à une contradiction : elle promeut l’usage des véhicules électriques depuis 2021, et vise 70% de véhicules utilitaires électriques à batteries d’ici 2030, mais dans le même temps fixe des tarifs douaniers dissuasifs. Ceux-ci vont jusqu’à 70% pour les véhicules à batteries de moins de 40 000$US et 100% de taxes d’entrées pour les véhicules de 40000$US et plus. Cela était conçu pour promouvoir l’assemblage sur place de tels véhicules. Devant l’absence de réactions des investisseurs étrangers, le gouvernement indien est passé à une approche plus concrète dans ses incitations.

Selon Interact Analysis, l’Inde ne disposerait pas de ressources abondantes de ce métal. Ce pays aurait importé entre avril et décembre 2023 pour 25.5 millions de dollars US de lithium. Essentiellement auprès de la Chine (61.8% des importations). Une démarche de sécurisation de contrats d’approvisionnement est en cours, la firme d’Etat KABIl ayant signé en janvier 2024 un accord avec la firme Argentine Caymen pour l’exploration des ressources en lithium en Argentine, sur 5 sites distincts. Un point commun peut également être fait avec l’Europe sur un autre sujet : le fait que l’Inde assemble des packs mais ne produit pas de cellules. Seul Samsung SDI a une usine produisant des cellules dans ce pays (pour une capacité de 2GWh). Pour les batteries, comme pour le lithium, la Chine reste le fournisseur n°1 avec 84.5% des importations de l’Inde en batteries lithium-ion. La Corée représente 10.8% de ces importations.

Promouvoir le Made in India ?

Le gouvernement indien viserait 50GWh de production de batteries lithium-ion à travers un plan appelé Advenced Chemistry Cell, lui-même inclus dans un projet plus global appelé Production Linked Incentive. Trois compagnies indiennes ont pu en bénéficier : Ola Electric Mobility Pvt Ltd (à Krishnagiri Etat de Tamil Nadu), Reliance New Energy Ltd (Jamnager, Etat du Gurajat) et ACC Energy Storage (Dharwad, Etat du Karnataka). Depuis 2023, ce sont des co-entreprises, notamment avec des firmes japonaises ou coréennes qui bénéficient de ces subsides. Panasonic et LG Energy Solutions associées au conglomérat indien JSW ont annoncé des projets avec des capacités de 20 GWh. Le groupe Tata, bien connu dans le monde automobile et du véhicule industriel, y va aussi de son usine pour 20GWh. Un nouveau tour de table du plan ACC BLI commence en janvier 2024.

Yvonne Zhang, chercheuse associée du cabinet Interact Analysis, s’attend à ce que de nouveaux noms fassent leur apparition lors des prochains financements. Parallèlement, pour attirer les constructeurs, l’Inde accorderait des quotas de 40 000 véhicules électriques (plafonnées à 8 000 par an) pour les entreprises qui investiraient 800 millions de dollars US dans le pays. Les tarifs douaniers pourraient également progressivement être abaissés (passant de 70% à 55%) au cours de 5 prochaines années pour les véhicules de 35 000$ US et moins.

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