Coronavirus

TEMOIGNAGE : « Du jour au lendemain, tout s’est arrêté » (Elisabeth Grenin, transports Grenin)

Elisabeth Grenin des Transports éponymes basés à Imphy, près de Nevers, n’en revient toujours pas. Tout a été très vite, ses camions ont dû cesser de rouler. Le groupement Astre auquel elle appartient a été une vraie bouée de sauvetage pour la dirigeante qui a mis à l’arrêt 90% de son activité. Mais pour cette fille et petite-fille de transporteurs pas question de baisser les bras.

La dirigeante ne s’habitue toujours pas à voir tous ses camions alignés sur le parking de son entreprise. « Avant, quand un seul véhicule était stationné dans la semaine, je demandais pourquoi il était là. Ça fait drôle de les voir tous, les uns à côté des autres » nous a précisé Elisabeth Grenin avec tristesse. Car, comme de nombreux transporteurs, elle a dû stopper ses camions. « Du jour au lendemain, tout s’est arrêté, en à peine deux jours » nous a indiqué cette responsable qui n’a jamais vécu une telle situation en 22 ans d’entreprise. Elisabeth Grenin a repris le relais de son père en 1998. L’entreprise créée dans les années 60 par son grand-père a connu tous les modes de transport, du cheval au premier camion d’occasion. Aujourd’hui, elle compte 32 conducteurs.

La situation est pire qu’en 2008

Les Transports Grenin ont cessé 90% de leurs activités. « Nous réalisons la majorité du chiffres d’affaires dans l’industrie et le bricolage, peu dans l’alimentaire » nous a précisé la dirigeante. « Avec certains clients, nous sommes passés d’un chiffre d’affaires de 20 000 euros à zéro. Avec d’autres de 30 000 à 15 000 euros » nous a-t-elle souligné. L’entreprise est située dans la Nièvre, une région où sont implantées de nombreux sous-traitants dans l’automobile. « Nous avions 4 camions en sous-traitance pour Gefco. Le 18 mars, l’arrêt a été total » nous a-t-elle déclaré. La cheffe d’entreprise qui est aussi présidente du Medef de la Nièvre avoue vivre la situation péniblement : « C’est très brutal. Il n’y pas de pente comme en 2008. » « Les banques jouent le jeu » nous a-t-elle avoué faisant référence aux prêts accordés aux entreprises tout en restant prudente : « les premières mensualités n’arriveront pas avant un an. On a des taux aujourd’hui à zéro mais nous ne savons pas où en seront les taux dans 12 mois. »

Elisabeth Grenin a cependant pu préserver une petite flotte de porteurs pour la Poste. « nous avons pu sauver 3 jours sur 6 avec un seul aller. » Pour s’en sortir, dans un délai très court, elle a pu se reporter sur l’aide des adhérents du groupement de l’Astre auquel est associé. « Les 10% restant, je les réalise grâce à l’entente avec les autres transporteurs. Nous restons solidaires les uns et les autres. Nous pouvons avoir un aller et rien en retour. On peut voir avec un collègue s’il a quelque chose » nous a-t-elle indiqué. « Et chez Astre, nous avons notre propre système de palettes qui fonctionne bien. Ça me permet de dire à certains clients d’en emporter. »

Sur sa trentaine de conducteurs, tous sont pratiquement à l’arrêt. « Sur mars, nous avons eu recours aux congés payés et aux banques d’heures. En avril, il va falloir entamer les congés 2021 » nous a-t-elle confié n’excluant pas la solution du chômage partiel pour ses salariés. Car la dirigeante entend avant tout protéger son personnel. Masques et gel ont été distribués très tôt. « Ceux qui font de l’international ont eu de nombreux problèmes sanitaires, en particulier en Allemagne. Ils ont été aussi embêtés par les files d’attente aux frontières comme en Belgique » a-t-elle souligné.

Avenir incertain

« Nous n’avons aucune visibilité. Tant qu’il n’y a pas de déconfinement, c’est difficile de savoir ce qui va repartir en matière de commandes. Il va falloir être prudent. Tous les matelas et les fonds propres qu’on avait vont fondre » nous a déclaré Elisabeth Grenin. « ça ne devrait pas reprendre en douceur avant septembre, on a donc 5 mois à attendre. Avec un mois de mai où il y a habituellement peu de transport, il nous reste juillet et août. Ça va être compliqué de ne pas faire partir nos salariés en congés s’il y a du travail » nous a-t-elle souligné.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *