Coronavirus

TEMOIGNAGE : « Les conditions des conducteurs français en Grande-Bretagne sont déplorables » (José Zydower, conducteur XPO)

Sécurité sanitaire à revoir

José Zydower (photo) fait partie des centaines de conducteurs routiers qui rejoignent chaque semaine la Grande-Bretagne. Malgré le Brexit et l’arrivée du coronavirus, les camions qui rentrent et sortent du Royaume-Uni n’ont pas cessé même s’ils sont moins nombreux. Si la situation sanitaire s’est quelque peu améliorée en France pour les routiers, les conditions d’hygiène laissent à désirer pour les routiers comme José qui roulent à l’étranger, en particulier outre-Manche.

José, la bonne quarantaine, roule depuis maintenant une quinzaine d’années, dont 13 années chez Dentressangle devenu XPO par la suite. Il est devenu au fil des années un conducteur frontalier. Les allers et retours vers la Grande-Bretagne, il ne les compte plus. Aujourd’hui, ses activités syndicales l’obligent à être moins sur la route. « Je suis ce que l’on appelle un polyvalent, un conducteur volant. Je conduis quand il y a de la place » précise le syndicaliste. L’agence XPO de Calais dont il dépend et celle d’Arras réalisent à 100% du transport en bâché en non alimentaire. Les usines automobile basées en Angleterre ne produisent plus et le trafic est quasi-nul. « 20 salariés dont 4 sédentaires et 16 conducteurs ont été mis au chômage partiel » nous a-t-il indiqué.

Des parkings dénués d’hygiène

Le routier s’est fait le porte-parole de ses collègues. Secrétaire du syndicat FO Transport à XPO Calais, il fait remonter les informations sur les conditions sanitaires, le plus souvent dramatiques en Grande-Bretagne, à sa direction de Calais même si les conducteurs sont mieux accueillis en France. Site principalement pointé du doigt : le parking Titan situé à Thurrock, près de Londres. Des photos montrant les locaux dans un mauvais état circulent sur les réseaux sociaux. « Le parking est loué par XPO pour nous conducteurs. Les sanitaires sont mis à disposition sur ce parking londonien pour les conducteurs de chez XPO Calais. La direction paie pour cela. Nous y restons en attendant les remorques. Déjà auparavant, les conditions n’étaient pas au top mais là avec le coronavirus, les mauvaises conditions sanitaires sont inacceptables » nous a déclaré José. « J’ai suggéré à ma direction de payer plus cher un parking avoisinant mais propre et digne d’accueillir les conducteurs. Malheureusement, le directeur d’agence a refusé, faute de coût » regrette José qui ne comprend pas la réaction de sa société. « L’effort n’est pas énorme pour 4 ou 5 routiers en moyenne par nuit et par semaine. C’est 10 à 15 livres (11 à 17 euros) de plus par nuit. »

José regrette aussi les mauvaises conditions de transport pour les conducteurs qui doivent utiliser les navettes du Tunnel sous la Manche. « Il y a un souci avec les mini-bus qui amènent les chauffeurs de leur camion jusqu’aux wagons conducteurs. Tout le monde est confiné. La solution pourrait être de diminuer le nombre de poids lourds même si ce n’est pas la vraie solution. Je suggère que les mini-bus fassent plusieurs tours avec, à chaque voyage, moins de conducteurs passagers. » Du côté des ferries, le syndicaliste estime que les conditions sanitaires se sont nettement améliorées. Comme la France, la Grande-Bretagne a fermé ses restaurants et un grand nombre de stations-services. « Les conducteurs mangent ce qu’ils ont apportés dans leur frigo. Certains clients jouent le jeu, d’autres non. Chez les gros clients, on prend la température des conducteurs qui doivent aussi répondre à un questionnaire, pour savoir si leur membre de sa famille est malade. En revanche, chez certains, les précautions sont tellement strictes qu’il est impossible pour les conducteurs d’aller aux toilettes, faute de badge. Mais l’accueil pour certains de mes collègues est encore parfois terrible avec des affichettes anti-routier. »

Droit de retrait refusé

José a cessé de rouler en Grande-Bretagne il y a quelques semaines. « J’ai fait jouer mon droit de retrait à l’annonce de Boris Johnson de vouloir laisser la pandémie se répandre sans mettre en place des restrictions. Nous étions 4 dans mon cas mais la direction a fait pression pour qu’ils continuent d’aller en Angleterre prétextant qu’il n’y avait pas assez de boulot en France. » Nous avons tenté de joindre la direction de XPO à Calais, sans réponses à ce jour.

José va continuer à défendre sur le terrain les conducteurs afin qu’ils travaillent dans des conditions maximales de sécurité sanitaire.

One Response

  1. Réaction en chaîne je suis au chômage partiel en tant que salarié protégé.suis en bagarre avec eux.
    Bon courage à tous les conducteurs de surcroît chez XPO Calais

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