SANS DÉTOUR

Tribune de Jean-Philippe Pastre : du village gaulois et des énergies alternatives

Qui se remémore des aventures d’Astérix le Gaulois des regrettés Goscinny et Uderzo, se souvient immanquablement des scènes de bataille entre les différents villageois. Cétautomatix, le forgeron, tape fréquemment sur Ordralabetix le voisin poissonnier. Mais ils s’entendent régulièrement lorsqu’il s’agit de se débarrasser du barde Assurantourix, cela de préférence avant les banquets. Une zizanie parfois savamment entretenue et programmée depuis l’étranger (cf l’album La zizanie).

Hé bien, en France, les énergies alternatives au pétrole c’est un peu ça : les défenseurs zélés de l’électrique à batteries (à l’image de T&E ou de l’AVERE France fondée en 1978 avec le soutien de la Commission européenne) tapent sur tout ce qui n’appartient pas à « leur » solution. Mais ce lobby affiche une prédilection marquée pour dézinguer l’hydrogène ou le méthane. Les défenseurs de l’hydrogène, légitimés par les centaines de millions d’euros et des discours officiels en faisant la voie rêvée de la transition énergétique, snobent quant à eux soigneusement les représentants du GNV et du bioGNV. Ces derniers tapant à leur tour sur la filière des huiles protéagineuses (les EMAG ou ester méthyliques d’acides gras, à la base des B30 et B100).

L’exemple le plus parfait de cette guéguerre étant la procédure conduite par quatre distributeurs de GNV afin d’obtenir l’annulation de l’arrêté ministériel du 22 avril 2022 reconnaissant (fort opportunément en terme de calendrier électoral) le B100 en Crit’Air 1. Ayant obtenus une victoire en Conseil d’Etat le 25 janvier dernier, ils ne supportent pas l’idée que leur bataille juridique n’écarte pas le B100 Exclusif du classement Crit’Air 1.  trm24.fr s’est fait l’écho des nombreux épisodes de ce « psychodrame ». Il semblerait que les requérants aient l’intention de programmer de nouveaux développements. On peut douter que les lecteurs soient prêts à les suivre jusqu’à 39 épisodes d’autant que le ton adopté par certains protagonistes évoque davantage les incartades du genre « quoi ? il sent pas bon mon poisson ? » plutôt que d’une remise en perspective des enjeux énergétiques.

Puis, tout ce petit monde en vient à taper sur les producteurs de HVO, soupçonnés de tous les maux et, surtout, d’insincérité quant à la question de la déforestation. Un sujet pourtant clairement réglé depuis la directive européenne RED-II et les exigences françaises sur l’alimentation des raffineries produisant ces HVO. Là encore, une polémique savamment créée et entretenue par certains acteurs de ce village gaulois …

Pendant ce temps-là, les Asiatiques (qui détiennent le monopole quasi absolu de la transformation des métaux nécessaires aux cellules et composants des batteries), les pétro-monarchies (tant courtisées par d’anciens et actuels présidents de la République) et autres pays peu recommandables (disposant d’importantes ressources minérales, pétrolières ou gazières) doivent bien se marrer. Leurs activités profitent de la flambée des cours des matières premières ou des composants clefs (cellules de batteries, graphite, terres rares, micro-processeurs électroniques). Quant aux transporteurs, ils sont perdus par ces rixes sans fin où chaque lobby tente au passage de prendre les journalistes à témoin, voire à partie. Les clients pourraient bien, de guerre lasse, s’en tenir à ce qu’ils maîtrisent le mieux retardant la sortie de l’ère du pétrole.

One Response

  1. Jean-Philippe, personne n’attaque le HVO sur la déforestation, il n’y a strictement et objectivement aucun rapport. Le HVO provient des déchets huiles alimentaires usagées. Très Cordialement, Edouard

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