SANS DÉTOUR

Tribune de Jean-Philippe Pastre : l’électromobilité, le juste prix

Rien n’est trop beau lorsque l’on parle d’électromobilité. C’est un monde merveilleux que l’on nous promet avec l’électrification des véhicules, légers ou lourds. Mais l’addition promet d’être tout aussi pesante que les packs de batteries nécessaires à la « transition écologique ». Cette dernière induit une autre révolution : celle de la perte de valeur patrimoniale des entreprises.

Seuls les plus grands groupes hyper capitalisés et ayant un accès direct aux marchés financiers pourront s’offrir ce luxe. Pour les autres, tous les autres, ce sera passage obligé à la case location. Un mal pour un bien. Car personne ne sait prédire aujourd’hui la valeur d’un V.O à batteries du fait de l’obsolescence de celles-ci. Un phénomène qui va transformer des biens d’équipements jusqu’à présent durables en « produits bruns » tels qu’ordinateurs ou appareils photos numériques. Dépassés en six mois par une nouvelle génération plus performante ou moins coûteuse à autonomie comparable. Si l’on doit s’habituer à des prix « catalogue » de véhicules électriques représentant entre 2.5 et 3 fois un camion Diesel équivalent, que dire des véhicules à hydrogène ?

Dernièrement, la Région Auvergne Rhône-Alpes et Green Corp ont annoncé fièrement la commande ferme de 16 autocars rétrofités avec une pile à combustible d’origine Symbio pour un montant de 8.5 millions d’euros. Faites le calcul, cela représente 531 250 euros par autocar ! À ce prix-là, vous vous imaginez qu’il s’agit de véhicules neufs, mais non ! On parle bien de reconditionnement et conversion à l’hydrogène de machines préexistantes.

Ce montant que l’on peut qualifier d’astronomique part d’un bon sentiment : le développement d’un écosystème régional s’affranchissant de la dépendance aux véhicules électriques à batteries Chinois. En ce sens, la Région AuRA fait mieux que la Région Provence Alpes Côte d’Azur qui n’a pas hésité à acheter des autocars double étage chinois BYD carrossés chez le carrossier Espagnol Unvi. Mais à quel prix !

Une région « riche » comme Auvergne Rhône Alpes peut éventuellement se permettre de tels programmes, mais qu’en est-il des PME du transport de marchandises ou de voyageurs ? Qu’en est-il également de la durée de vie (et de l’amortissement) de ces machines qui ont déjà roulé avant de connaître cette transplantation. Auront-elles un potentiel suffisant pour amortir cette dépense ? Car un autocar vieillit : systèmes de portes (point faible bien connu de tous les véhicules terrestres de transports de voyageurs), sellerie, mais aussi liaisons au sol, trains roulants.

531 250€ par véhicule pour gagner 7 ou 10 ans de vie commerciale, cela peut (légitimement) être considéré comme cher payé. La transition écologique va peut-être assécher plus vite nos finances publiques que le dérèglement climatique nos rivières.

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