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Le scénario du pire pour Van Hool ?

L’historique carrossier-constructeur des Flandres, constructeur réputé d’autocars et d’autobus, mais aussi important fabricant de semi-remorques, pourrait aller en faillite selon son pdg Marc Zwaaneveld interrogé par le journal Flamand De Standaard.

La mise en faillite de Van Hool , évoquée par Marc Zwaaneveld, co-pdg de l’entreprise nommé en urgence en janvier 2024, lors d’une interview au journal De Standaard, est à la fois un coup dur pour ses salariés (2500 à Koningshooikt -Belgique- et 1600 près de Skopje -Macédoine- sans compter ceux des filiales commerciales en Europe), mais aussi pour l’industrie européenne de l’autocar, de l’autobus (et des trolleybus) sans oublier les sous-traitants.

Nous avons évoqué (voir https://trm24.fr/le-carrossier-et-constructeur-van-hool-en-difficultes/  ) une réunion exceptionnelle du Comité d’entreprise le 11 mars dernier. Marc Zwaaneveld y a annoncé un plan de sauvetage « Van Hool Recovery Plan » qui impliquait le licenciement de 1100 salariés sur le site historique de Koningshooikt et la fin de la production d’autobus pour se concentrer sur les seuls autocars, dont toute la production serait concentrée en Macédoine. Selon un communiqué de presse de Van Hool daté du 26 mars 2024, dans la période qui a suivi l’annonce du Van Hool Recovery Plan, « des discussions ont eu lieu avec divers intervenants, y compris les banques, les organismes gouvernementaux, les actionnaires, le conseil d’administration, les syndicats et les investisseurs potentiels.

Le plan de redressement de Van Hool, rédigé en tenant compte de la situation de l’entreprise, s’est avéré être un plan difficile mais réalisable et a été bien accueilli par les parties prenantes. L’objectif était d’attirer de nouveaux capitaux et de renforcer la base financière de l’entreprise. » Une saisine du Tribunal de commerce de Mechelen (Belgique, Flandres) a été initiée le 19 mars 2024 afin de bloquer les créances.

Mais le dirigeant par intérim semble s’être heurté aux dissensions familiales au sein de la famille Van Hool. « Cependant un litige successoral entre les actionnaires et la famille Van Hool a compliqué les actions prévues. (…) Un règlement rapide de ce différend s’est avéré impossible. Par conséquent la confiance des autres parties prenantes (…) a encore diminué (…) Sur la base de ces développements, il convient de reconnaître que la mise en œuvre du plan de redressement de Van Hool dans une situation de continuité des activités n’est plus viable ». La date limite était… le 31 mars 2024 !

Quel avenir pour Van Hool ?

L’activité transports de marchandises jugée rentable, avec des métiers de spécialité comme les citernes ou les porte-containers et le ferroutage, pourrait continuer de façon autonome. La question demeure pour l’activité autocars et autobus, celle qui a été le plus impactée à la fois par les effets commerciaux du Covid-19 et les investissements massifs dans le développement de nouveaux véhicules à énergies alternatives.

Marc Zwaaneveld aurait déclaré aux confrères De Standaard : « la seule option pour sauver emplois et savoir-faire serait de redémarrer avec un autre acquéreur après la mise en faillite ». La presse Belge cite deux noms qui seraient sur les rangs : d’une part le groupe Néerlandais VDL, qui dispose déjà d’usines en Belgique. Mais cela interroge : VDL connaît lui-même des difficultés de production avec d’importants retards sur ses nouvelles gammes d’autobus et d’autocars, et ses produits sont en concurrence frontale avec ceux de Van Hool. Le second nom, le groupe Dumarey pourrait davantage plaire en Belgique. D’une part, il s’agit d’un compatriote, et d’autre part, le groupe Dumarey s’est fait une spécialité de la reprise d’entreprises et d’usines abandonnées par leurs maisons-mères. Un véritable petit empire industriel s’est ainsi constitué au fil du temps dans l’industrie automobile (voir trm24.fr https://trm24.fr/lusine-zf-dandrezieux-boutheon-change-de-mains/ ). Ce serait la première fois que le groupe Dumarey s’intéresserait à un constructeur de véhicules industriels, et plus seulement aux activités de sous-traitance et de composants. Mais une approche verticale aurait sa cohérence.

Quid des clients ?

Toujours cité par De Standaard, Marc Zwaaneveld a évoqué le cas des Van Hool ExquiCity présentés comme « des merveilles technologiques, leur seul défaut étant leur coût de production. Comme pour les autres autobus urbains, je pense que nous ne gagnons pas assez d’argent avec et il vaut mieux en arrêter la production ». Or Van Hool avait remporté, avec Alstom et Kiepe Electric un important contrat auprès d’Ile de France Mobilités portant sur 30 autobus électriques bi-articulés de 24 m pour la ligne TZen4 dans le Val-de-Marne.

Selon le service de presse d’IDFM, interrogé par TRM24 : « La production du Tzen4 ne présente pas de risque. Les 30 bus biarticulés de 24 m sont tous en cours de production, et seront tous livrés d’ici fin juin, conformément aux engagements du groupement pour le projet TZen 4 ». L’Autorité organisatrice trahit une certaine inquiétude ou méfiance, puisqu’elle précise dans sa réponse : « Néanmoins Île-de-France Mobilités reste vigilante sur la bonne tenue de cet engagement et sur la qualité du matériel roulant livré par le groupement solidaire VanHool, Alstom, Kiepe Electric. Concernant les TZen5, Île-de-France Mobilités est en discussion contractuelle avec les titulaires du contrat pour que le calendrier soit respecté (VanHool, Alstom et Kiepe Electric). Île-de-France Mobilités reste très attentive à la situation de VanHool et aux décisions qui seront prises par les dirigeants pour assurer la pérennité de l’activité de l’entreprise. »

Si Van Hool devait cesser la production d’autobus, cela serait aussi un coup du pour le secteur des trolleybus, ces machines étant représentées en Europe par de rares spécialistes (outre Van Hool, il convient de citer Hess, Skoda Transport, Solaris Bus).

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